Je me suis récemment aperçue que le grand public ne comprend pas vraiment comment fonctionne une carrière au sein de la Fonction Publique*.
Au commencement, il y a la motivation. Une vie pépère chez les uns, le sens du service public chez les autres… L’expérience leur montrera à tous qu’ils ont tord. Le manque d’alternative est en revanche une bonne excuse. Et pour démarrer, il y a un impératif : le fameux concours. Ou pas. Dans la Fonction Publique Territoriale du moins, il existe une alternative : celle d’être, après plusieurs années de CDD (sécurité de l’emploi, mon amour) « stagiairisé » puis titularisé au grade et à l’échelon le plus bas de la hiérarchie.
Le salaire d’un fonctionnaire est soumis à une grille très stricte, évitant ainsi d’user à tord et à travers de l’argent public pour favoriser un tel ou un tel dans les petits papiers de telle autre personne haut-placée. La Fonction Publique est bourrée de bonnes intentions, et c’est pour cette raison qu’elle paie ses employés au lance-pierre. Dans les faits, les bonnes intentions ne sont que de bonnes intentions, car elles n’encadrent pas… tadaaaam… les primes ! Ce qui fait que la grande majorité des fonctionnaires est mal payée, mais que certains bénéficient d’avantages liés à leurs responsabilités (ouais quand même, mais ça, ça devrait logiquement être pris en compte dans la grille des salaires) ou au fait qu’ils sont dans les petits papiers d’une tierce personne haut-placée !
En théorie donc, une personne passant avec succès un concours de catégorie A dans la FPT** et possédant donc au minimum un Bac+3 voire +5 (et ayant la chance d’être recrutée dans les 2 ans qui suivent, sans quoi tous les bénéfices du concours sont perdus, y’a plus qu’à recommencer, et croyez-moi, le catégorie A, il est coton !), démarrera sa carrière avec 1600€ par mois. Je vous épargne la comparaison avec le même début de carrière dans le secteur privé hein…
Et pour faire progresser son salaire au cours de sa carrière ensuite, ça se passe comment ? Ça se passe que l’agent (c’est comme ça qu’on s’appelle) gravis des échelons (plafonnés) correspondant à son ancienneté. Après 8 ans de vie commune avec ma mairie, je gagne donc, en brut, 53€ de plus qu’un jeune arrivant. Et sinon ? Et sinon (c’est là que Mme Nounou est tombée des nues), l’agent passe des concours, encore et encore et encore…
Dans la FPT, les 3 catégories A, B et C, allant du poste à très grandes responsabilités à celui de simple exécutant, sont sous-divisées en 4 grades. Chacun de ces grades fait l’objet d’un concours. L’agent de catégorie C a donc deux alternatives : passer sa carrière à passer des concours, ou renoncer et sacrifier son train de vie et son foyer à un salaire à peine plus élevé que le SMIC. Prions pour que son conjoint ait un boulot mieux payé (merci Jérôme !)
Tout ça pour vous annoncer qu’aujourd’hui, j’ai l’immense joie d’être reçue au concours me permettant d’obtenir le deuxième grade de Catégorie C. Je ne changerai bien sûr pas tout de suite de grade, il faut d’abord que ma mairie me nomme à mon nouveau grade et que ça passe en Conseil Municipal (vous n’imaginez pas tous les trucs passionnants que doivent voter vos élus locaux à chaque conseil !). Et là je suis prise d’un doute. Si je passe de l’échelon 6 de mon grade actuel à l’échelon 1 de mon prochain grade… J’espère au moins que ma feuille de salaire ne va pas passer dans le négatif ?!
NB à tous les anti-fonctionnaires de la Terre : je ne chougne pas. Je suis moi-même anti-fonctionnariat.
* « Ah ça marche comme ça ? Je pensais pas du tout » (Mme Nounou)
** Fonction Publique Territoriale. Désolée, c’est mon domaine de compétence en l’occurrence, donc je garde cet exemple