Coucou !

Chose promise, chose non-due, je ne publierai sans doute jamais l’article sur Tolède. Deux ans que je ne suis pas passée, mais juste pour info… Je suis toujours en vie. Les choses bougent par ici, grosso modo en positif. Peut-être que j’y reviendrai. Ou peut-être pas.

Nos amis les parasites

Nous avons commencé la belle saison avec une invasion encore non-maîtrisée de fourmis. On a tenté plusieurs solutions naturelles : la terre de diatomée, le marc de café, la craie, le bicarbonate de soude mélangée au sucre. Mais pour l’instant la gamelle du chat toujours continuellement envahie de ces petites bêtes. Y’en a même une particulièrement agressive qui m’a mordue l’autre jour.

Nous avons poursuivi avec l’arrivée des mites alimentaires. Non-maîtrisée également. Beaucoup de choses jetées. On en a même trouvé dans des bocaux fermés (ingrédients sans doute contaminés avant mise en bocal). En tous cas, c’est l’enfer au quotidien et on n’en voit pas le bout. Mes bocaux en verre stockés au fil des ans viennent à manquer.

On a continué avec une invasion de puces. On habite la campagne… Écureuils, hérissons, diverses variétés de volatiles… CHAT !!!! sont particulièrement porteurs de ces parasites. En général on s’en sort. Mais avec l’aspirateur qui tombe en panne on s’en sort moins bien. Trois semaines sans aspirateur (l’arrivée du remplaçant s’est avérée fort compliquée et Astro a nettement perdu en durée d’autonomie depuis l’arrivée de Maria) et mes chevilles et les jambes d’Alcide ressemblent aux monts d’Auvergne.

Il en manquait un… Voilà, pour finir l’été, le débarquement en grandes pompes de nos amis les poux. Youpi !!! \o/ \o/ \o/

Pour les impatients, promis* un jour je finirai l’article sur Tolède.


* Point de promesse, c’est un coup à ne pas les tenir…

Un peu d’histoire…

Pendant l’Antiquité, la péninsule ibérique est occupée plusieurs peuples, dont un est nommé fort opportunément : Ibères.

Au II° siècle avant Jean-Claude, les Romains débarquent. Il envahissent progressivement la péninsule et l’occupent jusqu’au V° siècle après Jean-Claude.

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Amphithéâtre de Tarragone, capitale de la province de Tarraconensis

A l’autre bout de la Méditerranée, à la fin du I° siècle, Rome met fin aux révoltes qui sévissent en Judée. Les perdants sont massivement réduits en esclavage et dispersés dans l’Empire. Face à la destruction du Second Temple de Jérusalem et au durcissement de la présence romaine en Judée, les Juifs restants se dispersent. Les Romains, contrairement à la croyance populaire, sont d’une grande tolérance envers les diverses religions (en même temps, vu la taille de l’Empire, c’est préférable). Juste ils n’aiment pas les schtroumpfeurs de schtroumpf. Bref, les Juifs, migrants volontaires ou descendants d’esclaves, trouvent à vivre en paix un peu partout dans l’Empire Romain et notamment dans la péninsule ibérique.

Sur cette même péninsule, la religion chrétienne s’impose peu à peu entre le II° et le IV° siècle et on découvre que les intiales « JC » n’ont rien à voir avec Jean-Claude. Comme dans le reste de l’Europe, l’Empire Romain est finalement affaibli face aux invasions barbares.

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Couronne de Recceswinth

Les Wisigoths poussent jusqu’en Espagne où ils élisent domicile pendant 300 ans. Ils adoptent la religion chrétienne et choisissent la ville de Tolède pour capitale. Cette période correspond grosso modo à notre période mérovingienne. Si c’est la moins connue, c’est certainement que c’est la période dont il reste le moins de traces archéologiques. Il semble que les Wisigoths, peuple nomade, n’aient pas été de bien grands constructeurs. Ils laissent tout de même un impact culturel important. En revanche, ils sont nettement moins cools avec les Juifs qu’ils persécutent joyeusement quand ils n’ennuient trop. Et en 711, les Maures débarquent à leur tour, foncent vers le Nord, reviennent sur leurs pas, re-foncent vers le Nord. En 732, face à un certain Charles Martel, ils se disent qu’ils sont très bien au Sud des Pyrénées.

 

La période d’Al-Andalus est une période prospère. Les gouvernants font preuve d’une grande tolérance envers les différentes cultures. Les Chrétiens comme les Juifs peuvent en toute liberté pratiquer leur foi et leurs rituels à la seule condition de respecter l’autorité musulmane. Dans les faits, chaque culture avait son propre quartier, les impôts variait selon l’origine ethnique du contribuable et seuls les Musulmans avaient accès aux fonctions gouvernementales. On mélange pas les torchons et les serviettes.

C’est néanmoins une période pendant laquelle les trois cultures s’entremêlent allègrement. Les Chrétiens arabisés deviennent les Mozarabes qui influeront sur les autres pays d’Europe après la Reconquista et les savants juifs d’Al-Andalus bénéficient d’une renommée internationale.

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Synagogue Santa Maria la Blanca à Tolède

A ce stade, les résistants chrétiens sont coincés au Nord. Ils bataillent comme ils peuvent dès les premières années et ce pendant près de 800 ans. C’est la Reconquista. Cette période est assez chaotique avec des avancées et des reculs qui dépendent évidemment de la puissance des belligérants qui ont chacun des hauts et des bas. Plusieurs royaumes chrétiens se créent et jouent des coudes en même temps qu’ils luttent pour repousser les Musulmans. Côté Maures, plusieurs dynasties et modes de gouvernement se succèdent avec des morcellements et des unifications.

Tolède est reprise en 1085 par Alphonse VI de Castille (de toutes façons, les rois espagnols s’appellent tous Alphonse, on dirait). La reconquête est complète lorsque les Rois Catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon (qui ne s’appellent plus Alphonse) soumettent Grenade le 2 janvier 1492*.

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La capitulation de Grenade par Francisco Pradilla y Ortiz

Tout au long de la Reconquista, la culture musulmane reste profondément implantée dans les régions « libérées ». La langue arabe est encore parlée et écrite. Le style mauresque se mêle au style européen, c’est ce qu’on appelle le style mudéjar. Maures et Séfarades (Juifs) sont encore les bienvenus. Chacun apporte sa science à des royaumes en pleine construction. Cette situation idyllique ne dure pas. Les formes d’intolérance se multiplient. Finalement, l’Inquisition s’installe tranquillou, les Séfarades sont expulsés en 1492 et les Musulmans en 1502.

L’Histoire avec un grand H ne s’arrête pas là, mais mon histoire à moi, si. Les événements espagnols rejoignent les événements du reste de l’Europe et l’originalité espagnole s’estompe, de sorte que je peux aborder les particularités de Tolède sans avoir à faire un autre exposé.


* 1492 sera une année très marquée dans l’histoire espagnole : fin de la Reconquista, découverte des Amériques par Christophe Colomb et expulsion des Juifs d’Espagne… Merci Isa et Fefer !

Zaragoza

Caesaraugusta a été fondée par l’empereur romain du même nom. A l’arrivée des Maures, le nom, trop difficile à prononcer pour les nouveaux gouvernants, a été simplifié et transformé en Zaragoza.

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Muraille romaine, statue d’Auguste et Marché Central… en travaux

Elle a donc connu les époques romaine, wisigoth, mauresque et catholique. Bref, elle est plutôt chouette à voir avec, en particulier, bien des ruines romaines à voir. C’est aussi la ville de Goya*. Malheureusement, nous sommes passés en dehors des possibilités de visite de la plupart des musées, ce qui est bien triste.

Nous avons passé assez peu de temps à Saragosse mais nous avons pris quand même pris le temps de nous balader, de visiter la Plaza del Pilar et sa basilique ainsi que le palais de l’Aljaferia.

Premier conseil à ceusses qui voudraient aller à Saragosse : vous ne circulerez ni ne stationnerez aux abords du centre historique. Laissez votre voiture de l’autre côté de l’Ebre, on peut y trouver des stationnements gratuits assez facilement. Saragosse est assez bien conçue pour les piétons et les vélos.

Autant dire : évitez de prendre un logement dans la vieille ville avec les 36 bagages nécessaires quand vous viendez avec vos mioches. Juste un conseil comme ça en passant hein. Pas du tout une expérience vécue. Mais alors PAS-DU-TOUT !

Comme j’ai découvert en cours de route (juste après le passage de la frontière pour être exacte) que ma 4G avait rendu l’âme, nous sommes arrivés à Saragosse sans savoir où se trouvait l’endroit où nous dormions. Donc première initiative : trouver l’office du tourisme. Ce dernier est très bien fléché : il est en plein sur la Plaza del Pilar. D’où notre première découverte : on ne va pas de ce côté de Saragosse en voiture. Et d’où notre deuxième découverte : la Plaza del Pilar est… comment dire… WHOUAOUUUUUH !!!!!! En 5 mots : belle, immense, immense, immense et belle.

Cette dernière est un hymne à l’hispanité avec pêle-mêle une fontaine en forme de carte de l’Amérique Latine, un hommage à Christophe Colomb, un hommage à Francisco Goya. Elle contient un accès à la tour de la Zuda, à l’église San Juan de los planetes qui se caractérise par un clocher en mode Tour de Pise (et c’est sans doute tout ce qui la caractérise), au musée Goya et surtout, elle abrite :

  • la basilique Notre Dame du Pilar, construite entre 1681 et 1765 (ou 1961 selon comment on considère la chose…) autour du pilier sur lequel se serait installée la Vierge en visite à Saint Jacques de Compostelle. Encore une histoire chelou, mais tout un symbole pour l’Espagne catho toute entière
  • l’hôtel de ville
  • la Lonja, ancien marché et actuelle salle d’exposition construite selon les canons des palais florentins mais en brique
  • la cathédrale La Seo, Catedral del Salvador en su Epifanía de son vrai nom
  • l’ancien forum romain

Minimum.

Le palais de l’Aljaferia, comme son nom l’indique, a été construit par Jafar. Pas celui d’Aladin non… C’est donc un fabuleux témoignage de l’art mudéjar (on en reparlera à Tolède). Il fut réaménagé notamment par les Rois Catholiques (Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, vous vous rappelez ?) et comporte pas mal d’éléments médiévaux à l’étage dont une salle du trône farpaitement sublime.

Le palais traversa les époques bon an, mal an jusqu’à la moitié du XX° siècle. Plutôt mal an à ce stade, vu que ça faisait déjà un siècle que son état devenait alarmant. Sa restauration a duré jusqu’en 1982. Les parties dégradées n’ont pas été intégralement reconstituées, ce qui permet de distinguer les éléments d’origine et ceux restaurés, tout en profitant de la splendeur des lieux. A ce jour, il abrite les Cortes (parlement) d’Aragon dans des bâtiments contemporains ajoutés au palais de sorte de ne pas le dénaturer ni, à l’inverse, de créer de confusion sur les époques.


On a aussi profité de notre passage fort opportun à Saragosse pour aller poser un pied à l’exposition universelle. Avec juste 10 ans de retard… Mais pourquoi c’était tout vide ???

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* Goya est mort à Bordeaux, a été enterré à Saragosse et ses cendres ont été transférées à Madrid. Pauvre homme !

E viva España

De retour depuis quelques heures à peine. On a fait le plein de vitamine D et au final, à l’exception de quelques coups de stress, une Gussette un brin pénible chaque matin et un Alcide qui a eu un peu de mal à suivre (« a veut ma’cher… a veut b’as… naaaaon a veut ma’cher ! » etc.), on s’est fait plaisir, on a vu des trucs chouettes tout en respectant autant que possible le rythme d’Alcide. Pourtant, petit coup de sang à notre arrivée quand on a découvert qu’à Tolède, ce n’était pas comme à Tarragone, tout ferme vers 18h-19h. Avec un petit qui fait la sieste 3h chaque après-midi, ça limite pas mal notre champ d’action. Mais on s’est dépatouillé en organisant nos visites du matin sur ce qui fermait le plus tôt et nos visites de l’après-midi sur ce qui fermait plus tard. De son côté, Gussette a suivi les visites avec intérêt, très très sage, tout en nous expliquant qu’en fait, elle s’en fichait.

Notre dernier séjour à l’estranger datait de 2010 à Venise. La naissance de Gussette puis celle d’Alcide ont pas mal repoussé notre passage de frontière suivant. D’ailleurs si nous avions été raisonnables, nous aurions attendu bien 2 ans de plus, mais j’avais un immense besoin de quitter la France pour faire un vrai vide. Ces derniers mois (15… non 18… par là…), je ne trouvais plus d’équilibre. Nos diverses petites vacances n’ont plus suffit. Nous avons donc opté pour l’Espagne, la destination la plus proche depuis notre Sud-Ouest à nous. Jérôme a proposé Tolède. Une idée fort séduisante mais néanmoins assez éloignée, nous avons donc décidé de couper le trajet en deux avec une étape à Saragosse pour que ce ne soit pas trop dur pour les enfants.

Au final, les enfants ont été tip-top pendant tous les trajets Lacanau-Saragosse (500 km) + Saragosse-Tolède (400km) + Tolède-Saragosse (400km) + Saragosse-Le Temple (490km)… Ah oups, ils ont commencé à être difficiles à 15 minutes de la maison… Va falloir nous expliquer…

Les autoroutes espagnoles sont abominables. J’avais un méchant souvenir de l’autoroute à Barcelone, un VRAI BORDEL !!! Ah ben en fait, toutes les autoroutes espagnoles fonctionnent comme ça. Autant dire que le contournement de Madrid était assez fun dites donc… Expérience vivement déconseillée !!!!

Le paysage est pour le moins… aride. Une fois passé le Pays Basque espagnol (très vert), dès Pampelune, l’herbe jaunit et la végétation a plus de mal à faire son trou.

En revanche, on constate une surexploitation de l’énergie éolienne. Jérôme et moi, on est plutôt en faveur des énergies renouvelables et on étudie d’ailleurs l’option éolienne dans notre jardin à plus ou moins long terme (plutôt plus que moins d’ailleurs, vu le PLU). Mais là, c’était parfois vraiment too much, genre franchement laid, surtout en Aragon. En Navarre, on constate une association occasionnelle avec du photovoltaïque. En Castille en revanche, Don Quichotte a bien fait le taf : point de moulin à vent !

 

Autre petit détail rigolo : l’autopista entre Irun et Saragosse est abondamment parsemée de péages. Entre Saragosse et Tolède, ceux-ci ont été semble-t-il remplacés par des silhouettes de taureaux…

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Meuh !

Sur les routes d’Aragon et de Castille, on trouvera aussi ponctuellement des petits castels paumés au milieu de nulle part… Des restes de la Reconquista ???

Somos en España

Nous sommes en Espagne jusqu’au 29/07 et sans téléphone parce que mon forfait LibrePhone qui est supposé être international ne marche en fait pas en Espagne parce que LibrePhone est juste un tas de grosses brêles semble-t-il. Heureusement que nous avons le wifi sur notre logement… Enfin quand il veut bien fonctionner…

Après une petite étape à Saragosse, nous passons quelques jours à Tolède et nous repasserons vraisemblablement par Saragosse au retour.

Les enfants sont infects.

Alcide est cramé car il fait 1/2h de sieste depuis 2 jours (on s’est bêtement dit que faire la route pendant sa sieste, ce serait top…) et qu’il fait le zouave pour se coucher le soir.

Gussette refait sa crise d’adolescence « je veux pas y aller, je veux rester, vous me faites tous schtroumpfer » et une bonne dose d’insolence pour aller avec.

Je vous en dirai plus au retour. Jérôme est préposé aux photos, on essaiera de vous en laisser quelques unes pour vous donner envie, car ce sont vraiment de belles villes (surtout Tolède !!!)

Tiens, voilà l’elfe !

Il y a quelques temps, considérant les capacités de concentration de Gussette, sa faim jamais assouvie d’histoires et une grosse envie de ma part de faire avec elle un premier pas dans l’univers de Tolkien, on a commencé à lire Le Hobbit (nouvelle traduction of course)*. A raison de 10 minutes de lecture chaque soir, c’était plutôt parti pour durer un bon moment, mais je ne me faisais guère d’illusion. A considérer que Gussette accroche, ce qui n’était déjà pas gagné car le texte est autrement plus complexe que ce à quoi on a habitué nos enfants, elle lâcherait l’affaire au bout d’une semaine maxi. Eh ben je me suis royalement plantée ! Je ne me souviens plus quand est-ce qu’on a commencé mais ça date. Ça doit même faire plusieurs mois parce que là, on est en plein épisode avec Smaug (page 301 quand même). Elle a bien eu un petit relâchement au niveau de Béorn, et je n’insistais pas car je pensais qu’elle avait saturé. Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’en fait, elle ne voulait pas que Gandalf s’en aille.

Et puis début avril, on a embarqué les enfants à Libourne, pour la convention du Dragon Libournais. Au départ c’est une convention de jeu de rôle, mais depuis quelques années, ils se diversifient pas mal, notamment autour du jeu de société, d’où la balade familiale.

Mais quand même, pour se mettre en condition, j’ai mis un album du Naheulband en fond sonore dans la radio. Et là c’est le drame ! Les enfants ont adoré. Gussette passe son temps à chanter le Nanana de l’Elfe et Alcide chante « Crôm ».

Pire ! Il a fallu lui (Alcide) mettre la chanson pour calmer une crise de nerfs l’autre jour. Jérôme est désespéré, il est en train de faire une overdose de Naheulbeuk !!!

Pour sauver la situation, Gussette nous a quand même annoncé qu’elle n’aimait pas du tout les aventures en MP3. Mais elle parle d’elfes en permanence et admire des heures durant la boîte de jeu de société éponyme.


* A ne pas faire avec n’importe quel enfant, ça risquerait de le décourager plus qu’autre chose.

La fausse-couche

Non, je n’ai pas fait ma troisième fausse-couche, et à vrai dire je n’ai pas l’intention de retenter l’aventure de la grossesse.

Simplement, aujourd’hui j’ai catalogué à la médiathèque le dernier Causette (n°88 pour les intéressés) qui comprend une double page sur la fausse-couche. Rien de neuf à l’horizon, mais il pointe quand même une vérité vraie : la fausse-couche est taboue, personne n’ose en parler. La preuve : quand j’ai rentré le mot-clef dans mon logiciel, il m’a clairement exprimé qu’il n’avait rien sur le sujet. Ce qui démunit d’autant plus les femmes lorsque ça leur tombe dessus.

Ce constat n’a rien d’exceptionnel, c’est juste une vérité.

Trop souvent, les heureuses futures mamans n’osent pas l’annoncer avant la fin du fameux premier trimestre, au cas où ça ne tiendrait pas. Bon moi je suis très mauvaise en cachotteries et grand bien m’en a pris. Je ne l’ai certes pas crié sur les toits (ce n’est pas non plus ma méthode), mais il y avait toujours un cercle de personnes au courant et si je puis me permettre, je ne peux qu’encourager les futures mamans à en faire autant. Pourquoi ? Parce que quand la fausse-couche vous tombe sur la tête, vous êtes bien contente de pouvoir pleurer sur l’épaule de quelqu’un… d’en parler… et de découvrir que vous n’êtes pas seule en fait. Parce que le pire dans ce tabou, c’est que malgré les chiffres, on voit bien qu’il n’y a pas (ou très peu) de fausse-couche dans son entourage. Ça, ou alors la maman n’a pu confier son malheur qu’à son oreiller. Je m’orienterais plutôt vers cette dernière hypothèse.

Ne nous leurrons pas, malgré tout ce que peuvent dire les médecins sur le sujet (« ce n’est pas encore un bébé formé » / « s’il n’a pas tenu c’est qu’il n’était pas viable » / etc. – toutes sortes d’arguments que je suis tout à fait capable d’entendre, là maintenant derrière mon PC avec mes deux enfants qui grandissent sainement), la fausse-couche est une terrible épreuve.

Votre fœtus (puisque ce n’est pas encore un bébé, qu’ils disent les médecins), vous l’attendez, vous l’espérez, vous le protégez et vous l’aimez déjà. Même quand vous savez au plus profond de vous-même qu’il ne vivra pas.

Je parle par expérience hein.

C’est pour moi l’occasion de dire ce qui s’est passé, et peut-être de donner écho à une ex-future maman en larmes qui, malgré toutes les explications très rationnelles des professionnels de santé, ne comprend pas pourquoi ça lui arrive à elle.

Il faut savoir que les chiffres (variant d’une référence à l’autre au demeurant), on nous les assène. Dans l’article de Causette, on pointe du doigt l’absence d’information. Moi je dis : « FAUX ! » . Une femme qui tombe enceinte connait ce risque mais elle n’a pas envie d’y penser. Une femme qui tombe enceinte est joie, bonheur, avenir. Elle passe tout son temps libre sur Doctibobo et Maman Magique pour comprendre ce qui se passe dans son ventre (et aussi à vomir, dormir debout, crever la dalle et tous ces adorables petits plaisirs du premier trimestre que je crois avoir déjà allègrement décris ici).

Elle y pense aussi aux chiffres : dans mon entourage, il n’y a pas de fausse-couche. Statistiquement, ça devrait donc me tomber dessus… Si si je vous jure que j’y ai pensé, à ma deuxième grossesse… juste avant ma future première fausse-couche donc. Mais concrètement ? Elle n’y croit pas. Elle n’a pas envie d’y croire. Et elle retourne sur Doctibobo et Maman Magique découvrir comment bébé grandira la semaine prochaine.

Mes fausse-couches : épisode 1

Au printemps 2013, Jérôme et moi nous disons que ce serait pas mal le moment de passer au numéro 2. J’arrête donc la pilule et on se met au taf. Pas le temps de s’entrainer vraiment, parce que BIM ! je tombe enceinte direct dans la foulée. C’était pas exactement prévu que ça aille si vite.

J’en parle avec mes collègues (mon ex-collègue Joie avait le don de deviner ce genre de choses).

J’en parle avec mes parents (et mon père en parle avec sa mère).

J’en parle avec Gussette.

J’en parle à Mme Nounou, qui décommande illico le bébé qu’elle doit accueillir dans les mois qui viennent.

Sauf qu’au mois de juillet, pendant mes vacances (chouettes vacances tiens…), je commence à avoir de très légers saignements. Je ne suis pas DU TOUT inquiète, vu que je connais le phénomène de spotting*. C’est Jérôme qui me met la pression et je finis par appeler la sage-femme. Elle m’envoie fissa faire une échographie d’urgence. C’est à ce moment-là que ça tourne mal pour moi. J’ai compris que le risque est réel et je commence à paniquer.

A l’hosto (alors que Jérôme garde Gussette dans le jardin de l’hôpital), réussir à obtenir mon échographie relève du parcours du combattant. Il faut que je fonde en larmes pour qu’on s’intéresse à mon cas. Et j’y passe une journée complète à me balader d’un service à l’autre.

La nana qui a fait l’échographie est une véritable porte de prison. Je me prend l’information en pleine poire et sans aucune empathie avec un jargon semi-scientifique pour que mon esprit embrouillée de patiente paniquée comprenne – ou pas.

Puis je suis renvoyée aux urgences, puis chez un gynéco, puis aux admissions, puis aux urgences à nouveau. Et tout ce temps là je suis SEULE, parce qu’on est juste venus faire une échographie, que Jérôme gère une petite fille de deux ans, son « repas » improvisé, sa « sieste » et tout le tralala (moi j’ai mangé à la fin de la journée seulement). Je lui donne des nouvelles par téléphone.

Le lendemain, j’ai droit à un curetage. Suivi d’une cystite à cause des conditions de l’opération trop sensibles pour moi, sinon c’est pas drôle.

Quelques semaines plus tard, ma gynéco me reçoit avec le courrier de l’hôpital pour vérifier que tout va bien. Et la voilà qui note sur sa fiche IVG au lieu d’ISG (interruption spontanée de grossesse). C’est la dernière fois qu’elle me voit.

De son côté, ma sage-femme s’est contentée d’une conversation téléphonique. A mon initiative.

Autant dire que mon entourage s’est avéré précieux vu l’inhumanité du corps médical.

La conclusion, pour cette fois-là, c’est que je suis sans doute tombée enceinte trop vite après avoir arrêté la pilule. Ce qui me fait une belle jambe au demeurant, mais je me raccroche à ça, c’est tout ce qui me reste.

Mes fausse-couches : épisode 2

Un an après, je retombe enceinte. Je laisse trainer la chose vu mes déboires de la fois précédente. Je n’en parle pas à Mme Nounou, mais mes collègues sont au courant (encore un coup de Joie !) ainsi que mes parents et les amis avec lesquels on a passé nos vacances. Je suis intimement persuadée que si grossesse il y a, elle ne tiendra pas. Finalement, après 1 mois, je contacte une nouvelle sage-femme. Cette dernière est en vacances mais me propose un rendez-vous pour la semaine suivante.

3 jours après, en pleine permanence à la médiathèque, je perds un flot de sang abondant. Je n’ai aucun doute sur ce qui m’arrive et je reste très pragmatique sur la gestion de crise. Il y a beaucoup de monde à la médiathèque et je suis seule.

Cette fois je ne vais pas à l’hôpital. Je SAIS que j’ai fait une fausse-couche, pas besoin d’échographie pour le confirmer. Je ne veux plus vivre ce que j’ai vécu la fois précédente.

Le lendemain matin, je laisse un message à la sage-femme pour lui annoncer l’événement et – par conséquent – l’annulation de mon rendez-vous. Celle-ci s’empresse de me rappeler. Je fonds en larmes au téléphone. Elle donne mon contact à sa remplaçante pour les soins médicaux urgents et maintient mon rendez-vous de la semaine suivante. Pour parler. Uniquement pour parler et évacuer le trop plein.

La conclusion cette fois-là, c’est qu’on ne sait pas. Pour moi, de toutes façons, c’était juste évident que ça arriverait.

Mes fausse-couches : la suite

Il m’a fallu encore un an pour retomber enceinte (cette fois la bonne). J’ai flippé tout le long de ma grossesse. Le premier trimestre a été abominable. D’un côté les nausées – ce truc horrible – que j’essaye de soulager comme je peux et de l’autre la hantise, dès que les nausées s’apaisent, que ça y est, c’est encore la fausse-couche.

J’avais complètement perdu confiance dans ma capacité à faire un enfant. Je disais même : « Si je perds encore celui-là, c’est fini, je ne retente plus, c’est trop dur à vivre » .

Je sais à quel point cette épreuve est difficile parce que je l’ai vécue. Je sais à quel point le corps médical est incapable de gérer le côté psychologique de la chose et même ajoute du stress là où ce n’est pas la peine d’en rajouter (sauf pour ma deuxième sage-femme qui a su être pro. OUF !).

Et je sais à quel point on a besoin d’en parler avec son entourage !!! Mesdames, vous venez de découvrir que vous êtes enceinte ? N’hésitez plus à en parler. Vous venez de faire une fausse-couche ? Parlez-en, exprimez-vous et ne laissez plus le tabou s’installer. Ne laissez pas croire à vos amies que ça n’arrive qu’aux autres, ça ne rendra service ni à elles, ni à vous.


* Et là j’entends une toute petite voix qui demande : « c’est quoi le spotting ? »

Le spotting, c’est un terme qui désigne populairement des saignements légers qui peuvent avoir lieu au début de la grossesse et peuvent être confondus avec des règles ou avec une fausse-couche. Ou inversement.

Pourquoi un « livre de bébé », ça n’existe pas ?

Comme il faut bien meubler un peu ce malheureux blog sur lequel j’ai l’impression de n’avoir plus rien à raconter, je vais tenter une formation à la lecture.

Alors ce n’est plus un constat depuis longtemps, c’est juste une évidence : la très très grande majorité des parents estiment que la lecture pour les enfants, c’est important puisque les enseignants le disent. Mais pour eux, beaucoup moins. Même pire, c’est une perte de temps*. Donc on va parler de la lecture des enfants, ce sera plus mobilisateur. Et puis surtout, c’est le sujet que j’avais envie d’aborder, na.

Je suis arrivée à la bibliothèque de Lacanau en 2005. A l’époque j’étais jeune, innocente, je ne connaissais rien du métier de bibliothécaire puisqu’en fait j’étais supposée être chargée de com’ et je me suis fiée les yeux fermés à Mme J. J’ai de la chance là-dessus, Mme J. quand elle forme son équipe, a beaucoup de choses à transmettre, et notamment sur la lecture des enfants.

Donc l’une des premières choses que j’ai apprises, c’est que les « livres de bébés », ça n’existe pas.

On le constate en moins d’une journée en bibliothèque, ces parents qui disent à leurs enfants : « Tu ne vas pas prendre ça, c’est un livre de bébé, voyons ! » **. A vrai dire, c’est un discours que j’entends aussi en permanence chez les enseignants, même les plus ouverts. J’ai même ma collègue Faërim qui l’a sortie à ma fille il y a moins d’un mois (j’ai soudain eu des envies de meurtre).

Concrètement, que se passe-t-il quand on dit à un enfant qu’il a choisi un livre de bébé ?

On lui inculque qu’il n’est pas capable de choisir par lui-même, que ses goûts ne sont pas les bons. Donc on lui arrache un peu de confiance en lui.

On lui inculque qu’il y a des bons et des mauvais livres. Pour information, les livres jeunesse sont tous certifiés par une commission, vous ne trouverez pas Mein Kampf dans le rayon jeunesse de votre librairie ou de votre bibliothèque. Donc là, logiquement, il devrait pouvoir y aller tranquille.

Il intègre la crainte de mal choisir sa lecture et donc la crainte d’en choisir une tout court. Il intègre aussi le regard de l’autre (un regard critique). Et avec tout ça, tout ce qu’on fait, c’est l’éloigner de la lecture.

Un enfant qui choisit un livre, que celui-ci soit destiné à un public plus jeune ou non, choisit un sujet, une illustration, un discours, qui lui parle. Qui sommes-nous pour dire que son choix n’est pas légitime ?

Pour un enfant qui apprend à lire, les « livres de bébé » sont complètement déstressants. Ils paraissent plus faciles d’accès. L’enfant gagne de la confiance en lui, et si on le laisse faire et choisir les livres qu’il aime (et ce dès les premiers accès au livre, sous réserve de sécurité pour le livre et pour l’enfant 😉 ), il progressera spontanément vers des lectures « plus grandes ». Il continuera à lire pour le plaisir, et non pas « parce qu’il faut lire » et en tirera le plus grand bénéfice.

J’ai pour habitude de dire « Je lis des livres pour bébés à mon âge. Pourquoi un enfant de 6, 7, 8, 9, 10 ans ou plus encore n’aurait pas le droit d’en faire autant ? »

Petite astuce de plus : il n’est pas interdit de continuer à lire une histoire à son enfant quand ce dernier apprend à lire. Bien au contraire.

A tout âge on aime à écouter une lecture, même si souvent on ne se dit pas « tiens, je suis en train de me faire lire une histoire ».

Chez nous, nous tenons à ce que la lecture du soir soit lue par Papa ou Maman. Gussette peut lire autant de livres qu’elle veut dans la journée, et parfois elle nous propose spontanément de nous lire quelque chose à nous au moment du coucher. Mais la lecture du soir par un parent fait partie du rituel du coucher. Je ne suis pas inquiète, je sais bien que dans quelques années, elle nous foutra à la porte de sa piaule, mais je tiens à ce que ça vienne d’elle. L’histoire du soir doit rester un plaisir et jamais une contrainte.

Le jour où Mme J. est allée lire un roman à des grandes de 12 ans. Elles sont venues chercher la suite pendant une semaine. On aime entendre les histoires à tout âge ! (oui un dessin, parce que je ne peux pas utiliser la photo…)

 


* Étude faite par une sociologue de Toulouse qui avait observé les usages de lecture des mamans dans les zones rurales, et observation confirmée d’expérience sur mon propre quotidien à la maison (non non, même pas besoin d’aller jusqu’à la médiathèque pour le constater !)

** Ou sa variante BD : « Tu ne voudrais pas aussi prendre un vrai livre ? ». Genre une BD, c’est pas un vrai livre ? Les pages sont en fait des tartines de Crevetolla peut-être ?

Mes nuits que j’aime (2)

Bon alors voilà, Alcide a dormi correctement pendant un an. Il était temps d’en finir, non ? Faudrait quand même pas qu’on s’endorme* sur nos lauriers. Bon alors tout va bien, Alcide nous fait, en ce moment – et je prie pour que ce ne soit qu’en ce moment – une bonne vieille régression de derrière les fagots.

Donc rebelote, on pensait en avoir fini, mais le dodo c’est à nouveau ballot !


* Hi hi hi, un jeu de mot involontaire