German « Simplicity »

Ce samedi, nous étions de mariage, et pour une fois, j’avais sérieusement décidé de dégainer le porte-feuille pour m’acheter une jolie robe de cocktail. C’était sans compter sur Mamette, la mère-grand de Jérôme qui m’a annoncé au mois de mai :

« Angélique, pour votre anniversaire cette année, j’ai pensé que vous pourriez vous acheter un beau tissu pour vous faire une belle robe…« 

Ah la grande idée que voilà Mamette, j’étais à court de projet ! Tant pis pour la robe de cocktail, on verra ça une autre fois.

Partie en quête d’une idée qui me plairait, je tombe nez à nez (et en amour) avec un modèle du tout dernier Tendance Couture, le magazine publié par le concepteur de patrons allemands Simplicity (comme son nom l’indique, il est bien germain oui).

Tendances Couture n°13 - modèles 1 à 4
Oui bon… la couleur du scan est un peu moche, j’avoue

Pour ceusses qui l’ignoreraient, les patrons allemands ont une ou deux réputations à tenir :

  • leurs poitrines sont over-volumineuses
  • ils taillent grand
  • et surtout… ils sont incompréhensibles !

Ma seule autre expérience dans le domaine date un peu, je l’avoue, et à l’époque j’avais un peu été poussée à admettre que leur réputation n’était pas usurpée mais les années passant… sait-on jamais…

Bon alors déjà, on inspecte l’ouvrage, on détache les feuillets de patron : ça commence plutôt mal. Les patrons de magazines japonais sont déjà impressionnants quand on les déplie… Soyons honnêtes, les allemands sont pires. J’ai perdu 24 dixièmes à chaque œil. Au moins.

M’attendant au pire, j’ai décidé d’examiner préalablement et de façon très détaillée TOUS les conseils qui précèdent les instructions de montage. On jette donc un œil au tableau des mensurations et là, c’est le drame !!! J’apprends ainsi que j’arbore une jolie taille 44, alors que dans le commerce je prends du 42 maxi, tout en sachant qu’en plus les patrons allemands taillent grand et qu’en même temps les explications précisent « Les tailles sur les planches correspondent aux tailles allemandes, c’est-à-dire : taille 40/42 = taille 42/44 ». Sachant que les surplus de couture sont déjà inclus dans le patron (1.5 cm de surplus ? On a presque de quoi faire une doublure avec ça !!!) et qu’à cause de ça Simplicity déconseille formellement de mesurer les patrons pour vérifier les dimensions (mesures qui sont de toutes façons généralement trompeuses, donc la démarche est inutile quoi qu’il en soit).

Je suis déjà noyée !

Faisant part de mon désarroi à ma génitrice, celle-ci me suggère de faire un test avec une petite robe d’été en taille 44 et d’ajuster le tir si besoin pour la robe finale. Le principe de la toile revue à l’efficace va-t-on dire. Pas bête, puisque justement, une variante du modèle me plait beaucoup aussi. C’est ainsi que j’ai fait non pas une mais deux robes en fait. Bon ça n’a pas loupé, la taille 42 était largement suffisante. Comme quoi les tableaux des mensurations hein…

Alors la troisième réput’ n’est pas usurpée hein. On gagne de la place sur les indications, donc pas de zoom. On enchaine dessins/explications/dessins/explications/dessins/explications… On passe son temps à chercher où sont les explications qui vont avec le dessin, d’ailleurs à quel dessin en était-on… Bref, effectivement c’est la [schtroumpf]*.

En fait, les indications ne sont pas seulement obscures, elles sont également incomplètes ! Ça va de l’indication globalement superflue mais que ça aurait été pas mal de le préciser pour les débutantes, à celle qui te fait refaire 3 fois ta couture parce que vraiment ça manque. D’ailleurs je n’ai toujours pas trouvé l’endroit où ils signalent sur laquelle des 4 planches on peut trouver le patron correspondant au modèle (dans mon cas, il s’agissait du premier modèle du magazine et je l’ai facilement trouvé sur le volet A).

Le sens de couture des bretelles : y’a bien marqué le devant et le dos, tout va bien hein. Mais les bretelles sont asymétriques en ce qui concerne l’intérieur et l’extérieur de l’épaule. Et là, pas moyen de savoir ce qu’il en est alors on fait au plus logique : on met le creux de la bretelle côté cou et « l’excroissance » côté épaule. Râté.

Les fautes de frappes sont sympas aussi. On me conseille ainsi de faire une couture de soutien à… 11.3cm du bord. Quelle est la distance correcte ? J’en sais rien, je ne l’ai pas faite, elle ne sert à rien. Au contraire du surpiquage qui n’apparait jamais mais que je me suis empressée de faire parce que sinon le rebord n’a aucune tenue (c’est d’ailleurs dans les techniques de base dans mon Encyclopédie de la couture).

De même, la couture des bretelles n’est initialement pas renforcée – ce qui me parait tout à fait aberrant – et ils font coudre les bretelles au bustier tout de go sans ajustement. Ce que je ne peux concevoir sans une séance d’essayage préalable, et franchement j’ai bien fait (rien que pour l’histoire du sens des bretelles).

Tout ça pour qu’à la fin, je reprenne 5cm dans le dos de la robe finale qui flottait complètement (et encore, le devant aurait bien mérité qu’on lui retire 2 cm, mais pour ce faire, il me faudrait tout découdre et tout recommencer).

Verdict : mes robes sont jolies, y’a pas de soucis, mais faut vraiment s’armer de patience. Ma fâcheuse manie de coudre sans patron m’aura au moins permis de rectifier le tir sur un truc ou deux, mais je n’aime vraiment pas l’idée d’intégrer les marges de couture. Déjà, 1.5 cm** c’est trois fois trop et en plus, couper tout contre le patron, c’est juste un coup à mettre un coup de ciseaux de couture dans le papier du patron***. Les initiés savent qu’on ne coupe JAMAIS autre chose que du tissu avec des ciseaux de couture.

Bref… « Simplicity » mes fesses !

* Aaaaah ouiiii, le retour du schtroumpf ! Gussette répète tout en ce moment !

** Sauf indication contraire. L’indication, tu la vois trop tard, youpi ! A moi le découd-vite !

*** Vécu, of course.

6 commentaires sur « German « Simplicity » »

    1. Atta les robes ça doit me faire encore 2 posts. Aie un peu pitié pour l’activité de ce blog !
      La mariée est une amie de lycée, celle qui était aussi témoin à mon mariage 😉 (dsl, j’aime pas donner de nom ici, c’est un blog public)

  1. En vrai elle était super belle ta robe ! Moi qui croyais à ce que suggère le nom du magazine et qui pensais que leurs patrons étaient simples à suivre…
    J’ai du avoir de la chance, je n’ai pas du tout galéré avec mon patron Burda, allemand lui aussi. Et pourtant je m’étais préparée au pire vu la réputation du magazine en matière d’explications et de fouillis sur les planches^^ Bon, j’admet avoir été victime du gabarit allemand et leurs fameuses poitrines plantureuses, le haut de ma robe baille un peu, mais j’en suis très contente.

    1. Ah le décolleté. Ma petite robe d’été se passerait volontiers de 3 ou 4 cm encore… Faudrait que je reprenne tout ça, mais ça me ferait refaire un groooosse partie du boulot. En ai-je le courage ?

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